MÉMOIRE : À la différence de la Ville de Hemer, à Dortmund il y a peu de traces du stalag VI D. Les “Stadtarchiv” ne détiennent pas les archives du camp, détruites dans le bombardement du 21 février 1945 et les nombreuses copies des documents officiels adressées aux différents services du régime nazi, pourtant très organisé, ont subit le même sort, accidentellement où intentionnellement. Néanmoins, devant la nouvelle Westfalenhalle 3B de Dortmund, une stèle rappelle l’existence du stalag VI D. Son emplacement est indiqué par une croix, en bas et à gauche de la photo aérienne ci-dessous.
http://de.wikipedia.org/wiki/Westfalenhallen
ATTENTION : Afin de construire un nouveau portail d’entrée pour la foire “Messenhallen”, la zone est actuellement en travaux. Depuis le 20 octobre 2016, cette stèle a été démontée et mise en lieu sûr, sur le site des “Westfalenlhallen”. Voir dans les commentaires, à la suite du présent article, le communiqué de la Ville de Dortmund que nous a fait parvenir la Mission Française que nous remercions ainsi que “Gary” qui nous avait signalé cette disparition. La ville de Dortmund prévoit que la stèle sera de nouveau érigée dans le courant du printemps ou de l’été 2018, date à laquelle les travaux devraient être terminés. Nous comptons sur les visiteurs de notre blog qui se rendront à Dortmund pour nous donner des nouvelles de cette situation.
M. Patrick Vanhecke nous ayant appris qu’il n’avait pas trouvé la stèle en août 2021, nous avons alerté Mme Letierce-Liebig (Arolsen Archives) qui a contacté immédiatement la Ville de Dortmund. Son interlocuteur, M. Jan Selzner, lui a précisé qu’elle été réinstallée à Dortmund-Mitte (Dortmund-Centre), Rheinlanddamm, Westfalenhalle, au bout de la passerelle sur la B1 : 51°29’51’’N7°27’12’’E (voir repère-épingle jaune)
Le site de la Ville de Dortmund présente cette stèle sur cette page https://www.dortmund.de/de/freizeit_und_kultur/museen/kior/alle_kunstwerke/detail_513973.html
ACHTUNG : Cette modeste stèle commémorative est le seul témoignage de l’existence du Stalag VI D à Dortmund de 1939 à 1945 et des mauvais traitements et crimes qui ont été commis à cet endroit et dans les Arbeitskommandos dépendant de l’administration de ce stalag. Ainsi que le rapporte dortmundecho.org (lien dans le commentaire précité), des groupes d’extrême droite souhaitent sa disparition. Nous devons être vigilants et nous prions les visiteurs de notre blog qui iront à Dortmund de nous tenir au courant de l’évolution éventuelle de la situation.
Traduction du texte de la stèle :
Historique et commémoration : De 1939 à 1945, plusieurs milliers de prisonniers de guerre ont été internés dans la grande salle de la Westfalenhalle et dans les baraques avoisinantes du stalag VI D. Originaires principalement de Pologne, de Belgique, de France, de Yougoslavie, de l’Union soviétique et d’Italie, ils ont été contraints au travail forcé, sans respect des accords internationaux concernant les prisonniers de guerre, dans des conditions indignes d’un homme, dans l’armement, les entreprises industrielles, les mines, le secteur privé et les collectivités. Des milliers de prisonniers de guerre sont morts par suite de maladies, d’actes délibérés, de sous-alimentation et des bombardements auxquels ils étaient exposés sans protection.
LOCALISATION du Stalag VI D : Inaugurée le 28 novembre 1925, dans le “Parc pour le peuple” de Wesphalie, la première Westfalenhalle était à l’époque la plus grande salle d’Europe et recevait des foires-expositions, des congrès, des spectacles et des évènements sportifs notamment des six jours cyclistes très renommés. A partir de l’été 1933, le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, Parti National-socialiste des Travailleurs allemands, dénommé simplement “parti nazi”) en prend le contrôle pour y organiser de grands rassemblements et congrès, aux fins de sa propagande.
Ce vaste espace, situé dans un faubourg périphérique du sud-ouest de Dortmund, était très fréquenté par les familles de l’agglomération car propice à la promenade, à la détente et aux loisirs sportifs ; c’est encore le cas de nos jours. Il comprenait notamment un parc public avec de petits lacs, des jardins, une piscine avec solarium, des courts de tennis et des terrains de football dont le stade du Borussia Dortmund, le Rote Erde, encore utilisé aujourd’hui par l’équipe réserve du club.
Cet environnement paisible ne mettait pas les PG à l’abri de cette guerre où les victimes civiles allaient être plus nombreuses que les victimes militaires, à cause des bombardements stratégiques, imaginés par les stratèges politiques et militaires des deux camps belligérants : http://www.2iemeguerre.com/historique/bombardement.htm. Dortmund, l’une des plus importantes villes minières et sidérurgiques de la Ruhr, était détruite à 80 % en mai 1945. Le Westfalenpark n’a pas été épargné.
La Westfalenhalle était située au numéro 200 du Hinderburgdamm, devenu maintenant le Rheinlanddamm. Elle avait une forme ovale de 110 mètres par 86 mètres, pour une hauteur de 24,50 métres et une capacité de 10 000 spectateurs.
Mais si la Westfalenhalle permet de situer le stalag VI D, elle n’en a constitué qu’une partie et pour une période réduite. C’est ce que les documents archivés démontrent.
Dulag VI D : C’est dans la Westfalenhalle que fut créé, en octobre 1939, le stalag VI D pour accueillir les prisonniers de guerre polonais. Mais en juin 1940, c’est comme “Aufnahmelager” (camp d’accueil) ou “Durchgangslager” (camp de passage), Dulag en abréviation, que les premiers prisonniers de guerre hollandais, belges, anglais et français faisaient sa connaissance. Voir la transcripton du rapport du CICR (Comité International de la Croix Rouge) de la visite du 13 juin 1940 de son délégué, Mr Marti, la qualité de la photocopie étant très pâle.
Rapport du CICR de la visite du 13 juin 1940 de son délégué, Mr Marti :
Transcription du rapport du CICR de la visite du 13 juin 1940 de son délégué, Mr Marti
Le délégué du CICR précise que les PG, hommes de troupe et officiers, après environ 7 jours, sont envoyés dans les différents Stalags et Oflags. De “Dulag” ce camp est rapidement devenu “Stalag” pour les prisonniers de guerre français et belges, car on constate le 11 juin des enregistrements de PG belges (notamment Louis Mottie, le père de Marc) et leur notification par une “Meldung” n° 73 du 26 juin. Des PG français ont également été enregistrés dès juin. Le livret d’août 1943 de la DSPG (Direction du Service des Prisonniers de Guerre) sur les “Camps de prisonniers de guerre en Allemagne” (présenté dans le tableau des sources du chapitre suivant) mentionne, page 49, les deux activités “Dulag” et “Stalag” du camp de PG de Dortmund.
Ainsi, à la mi-septembre 1940, Jean Labrune passait par le “futur stalag VI D” puis était transféré au stalag VI G où il était immatriculé (“En vacances à Dortmund” de Jean Labrune – page 17).
La Délégation de Berlin du SDPG demanda, le 2 avril 1942, l’envoi mensuel d’un wagon supplémentaire de vivres au Stalag VI D, dont la situation de “camp de passage” est également soulignée par le compte rendu du séjour d’un officier du 23 janvier au 12 mars 1942 (présenté dans le tableau des sources du chapitre suivant).
La Westfalenhalle a donc été utilisée comme Dulag et provisoirement comme stalag VI D, dont elle a notamment abrité le “Lazarett” jusqu’en juin 1942 (rapport du Dc Saboya).
Puis elle est revenue au NSPAD. Le 23 juin 1943, pendant l’offensive de la RAF sur la Ruhr, dans la Westfalenhalle de Dortmund, le docteur Joseph Goebbels tient un rassemblement du NSPAD, filmé par une filiale de l’UFI, monopole du IIIème Reich qui regroupa, en janvier 1942, toutes les sociétés allemandes de productions. Plus la moindre trace de prisonniers de guerre. En ville, dans des rues bordées d’immeubles détruits par les bombardements, des manifestants protestent contre “les terroristes britanniques”.
Une vidéo de l’évènement était présente sur le Net : http://www.youtube.com/watch?v=5KxwQug74mo. Elle a été supprimée avec le message suivant : “Le compte YouTube associé à cette vidéo a été clôturé, car nous avons reçu, à plusieurs reprises, des notifications de tiers pour atteinte aux droits d’auteur.”. Quels auteurs ?
Lire la suite : http://www.stalagvia-16032.com/stalag-vi-d-de-dortmund-chapitre-2-sources/
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