Libération des Arb-Kdos de la mine de pyrite de la Sachtleben à Meggen, Halberbracht, Maumke et Kirchhundem, en avril 1945

La libération était attendue des prisonniers de guerre depuis presque cinq longues années. La guerre s’était installée sur le territoire du Reich.

Avance des forces alliées en Allemagne du 5 au 18 avril 1945

Avance des forces alliées en Allemagne du 5 au 18 avril 1945

A Halberbracht, Bruno Eickhoff m’a fait découvrir le garage d’une ferme dans lequel étaient logés des prisonniers de guerre français qui avaient pronostiqué, sur un mur, le jour d’arrivée des Alliés.

Pour Sprimont c’était pour le 6 mai, pour Martin le 10 mai, pour Bertiaud le 15 mai, pour Lacquemanne le 20 avril, pour Puchois le 15 avril, pour Gaston le 11 avril et pour Chtimi le 20 avril. D’autres encore jouaient d’autres dates pour « une Camel » : Georges, Louis, Marquis, Arthémis, René, Dulies, le Parisien, Marceau, le Bolmèche, le Marseillais et un autre Georges. C’est Arthémis qui avait vu juste.

Le 10 avril 1945, les troupes américaines pénétrèrent dans Meggen. Paul Maniez a fait le récit des journées de combats qui précédèrent à Kirchhundem-Altenhundem-Meggen et exposèrent la vie des prisonniers de guerre. Maniez Paul – Récit – Chapitre 8 La Libération

Dans ces heures troubles, le danger pouvait venir aussi des libérateurs, de leurs bombardements, des tirs de l’artillerie mais également des troupes d’assaut. Le 10 avril 1945, une colonne de blindés US, arrivant de Meggen à Halberbracht, ouvrit le feu sur un groupe de prisonniers de guerre français et russes qui leur faisaient des grands signes. Dans la confusion, certains prisonniers de guerre furent fusillés par les Américains. A Halberbracht, une croix rappelle cette tragique méprise.

Halberbracht - Mémorial dédié aux 19 PG français tués par les forces US le 10 avril 1945

Halberbracht - Mémorial dédié aux 19 PG français tués par les forces US le 10 avril 1945

Halberbracht - Cimetière - Plaque commémorative déposée au nom des familles en souvenir des 19 prisonniers de guerre français tués par les forces US le 10 avril 1945

Halberbracht - Cimetière - Plaque commémorative déposée au nom des familles en souvenir des 19 prisonniers de guerre français tués par les forces US le 10 avril 1945

BETEILLE Gaston
–YER François
–NO Alphonse
CONTOU Jules
DUPRAZ Roger
FABRE Robert
FAIVRE Jean
–ATREAU Denis
JACQUOT Marcel
MARES Ferdinand
MARTIN Marcel
MARTY Léon
MAUREL Marius
PICAUD Charles
POUPIN Henri
PROVOST Eugène
VARIN Raymond
Le site SGA/Mémoire des hommes donne les fiches MPLF de douze d’entre-eux :

Les 28 et 29 avril, les prisonniers français quittèrent Meggen, après presque cinq ans de captivité. Les américains les conduisirent dans un camp de tri. Ceux de Kirchhundem suivirent les chemin de Paul Maniez : Oberhundem > Aue > Bad Berleburg > Wetzlar > jusqu’à un stalag près de Francfort anciennement occupé par des prisonniers de guerre anglais. Paul Maniez a été rapatrié par avion, le 24 avril 1945, jusqu’au Bourget, puis par train, via Arras, jusqu’à Béthune et Lapugnoy dans le Pas-de-Calais. Émile Weppe a été rapatrié le 2 mai 1945 et démobilisé par le centre d’Arras, il était chez lui à Cuinchy, le 16 mai 1945. A-t-il suivi le même parcours ? Peut-être, car Paul Maniez a noté l’arrivée à Bad Berleburg, le 12 vers le soir, « des prisonniers de Monc » (Maumke).

Pendant ce temps, à Meggen, des travailleurs civils étrangers et des prisonniers de guerre (parmi les 2000 que contenaient les camps de la ville) pillèrent des magasins et des maisons particulières. Les Russes du camp de Maumke se vengèrent en tuant leurs gardiens. On retrouva, sur le mont « Löhn Berg », 8 soldats allemands assassinés et le 17 mai 1945, le cadavre d’un Russe qui avait sympathisé avec les Allemands.

Des Russes s’étaient enfermés dans la Schützenhalle et dans 5 maisons environnantes.

Les prisonniers russes évacuèrent le camp Eickert le 22 mai et celui de Maumke le 13 août 1945. Ils furent conduits dans un camp de tri à Siegen.

Des prisonniers polonais restaient encore dans le foyer d’un atelier et dans des bâtiments administratifs.

Carte de Halberbracht-Meggen-Maumke-Altenhundem-Kirchhundem

Carte de Halberbracht-Meggen-Maumke-Altenhundem-Kirchhundem

4 Responses to Libération des Arb-Kdos de la mine de pyrite de la Sachtleben à Meggen, Halberbracht, Maumke et Kirchhundem, en avril 1945

  1. LIERS :

    Merci de toutes ces informations … de votre travail colossal qui permet de mieux se rendre compte ce qu’ils ont vécus.
    Mon beau-père y a été prisonnier de juin 1940 à mai 1945, libéré par les Américains.
    Mais les bonnes questions n’ont pas été posées quand il était encore là, parce qu’à cette période, il n’en parlait pas : pour « oublier » ou pour éviter de perturber les enfants ?
    Merci à vous.
    Marie

    • Louis :

      Bonjour Marie,
      Difficile de répondre à votre question en quelques lignes. Je vais quand même essayer.
      En captivité, les PG français avaient été les témoins du traitement infligé par les Allemands aux PG soviétiques (l’extermination par le travail, très proche du régime des camps de concentration « Arbeit macht frei » : plus de 3 millions de PG soviétiques sont morts en captivité). « Pour les Russes, c’était pire », voilà tout ce que disait mon père.
      En captivité, les PG français, dont l’état protecteur était « l’État français », vivaient sous une propagande pétainiste et ne pouvaient recevoir que les journaux et revues autorisés par les Allemands. Personne d’autre ne s’occupait d’eux d’ailleurs, sinon leur famille par leur courrier et colis.
      Comme vous le remarquez, environ un million de prisonniers de guerre français ont été libérés et rapatriés en mai 1945, soit onze mois après le débarquement des Alliés en Normandie. En France (libérée progressivement de l’occupation allemande), le Gouvernement provisoire, issu de la Résistance, ne les avait pas attendus pour remettre en place les structures administratives (élections municipales du 29 avril au 13 mai 1945 !). Par ailleurs, l’épuration des Français nazis, des « collabos » (dénonciateurs, profiteurs, sympathisants …) créait un climat de méfiance. En mai 1945 également, les divisions russes et américaines découvraient les horreurs des camps de concentration et c’est avec les déportés et les requis du STO que les PG sont rentrés chez eux (des affiches les ont présentés ainsi et les 173 centres d’accueil leur étaient commun).
      Leur absence a été très longue, aux cinq années de captivité, il faut ajouter les 9 mois de mobilisation de la « drôle de guerre » et pour ceux des classes 1938 et 1939 le temps passé au service militaire (deux ans au maximum).
      Pour beaucoup de PG il fallait reprendre le cours d’une vie abandonnée (retrouver une épouse et des enfants grandis, faire le deuil des parents et amis disparus, reprendre un métier …) ou, pour les célibataires, songer à fonder une famille au plus vite pour rattraper le temps perdu.
      A quoi bon évoquer le passé ? La honte de la défaite, les humiliations subies des gardiens et de la population civile allemande, la faim, le travail forcé, les bombardements, la peur, la solitude …
      Les documentaires de cet époque 38-40 présentent des foules exaltées dont le sentiment commun est la haine. En parler, pour nos pères, c’était peut-être prendre le risque d’en semer des graines.
      Et puis, là-bas, tout n’était pas blanc ou noir, les Allemands aussi avaient soufferts de la guerre, des destructions, des privations, des séparations. Avec le temps des liens s’étaient tissés qu’il fallait aussi oublier.
      Mais chaque PG a vécu sa captivité et il est difficile de généraliser. Puis vinrent les réconciliations, nationale d’abord, puis avec l’Allemagne et le temps passa.
      Voilà pourquoi ils n’en parlaient pas, je crois. Après tout, si c’est la vie qui triomphe …

      Cordialement.
      Louis

  2. Rougier Anne :

    Mes recherches sur l’oncle de mon père : Marès Ferdinand, m’ont dirigée sur votre page. De la base de données du site « mémoire des hommes », j’avais une date de décès : 10 aout 1945 et un lieu : Halberbracht . Finalement, c’est avec un grand étonnement que je me suis rendue compte que la date du décès était erronée car il faisait parti des 19 prisonniers tués par méprise par les forces américaines (son nom étant inscrit sur la croix dont vous avez posté la photo) : le 10 avril 1945. L’histoire familiale mentionnait bien une mort par méprise mais le reste était flou. Aujourd’hui il ne reste plus personne de ma famille pour me parler de lui, de sa vraie date de décès. J’ai comme l’impression d’avoir découvert un pan important de son histoire et finalement de mon histoire … alors merci pour cet article !

    • Louis :

      Bonjour Anne,
      J’avoue que je n’avais pas remarqué ce qui me semble être une coquille dans la date de décès de votre grand-oncle Ferdinand Marès sur la fiche du site « Mémoire des hommes ». En effet, à supposer qu’il soit décédé trois mois plus tard, des suites de ses blessures (ce qui n’est pas la cause indiquée dans la fiche), le lieu ne serait pas Halberbracht (aujourd’hui encore un très joli petit village englobé dans Lennestadt) qui ne dispose pas du moindre établissement hospitalier. Le plus proche est l’hôpital St Joseph d’Altenhundem où mon père a été hospitalisé du 8 au 22 novembre 1942, pour subir une appendicectomie.
      Vous trouverez des détails de la vie et du travail des PG à Meggen dans les articles « Émile Weppe. La captivité en Arbeitskommandos » et « Sur les traces de mon père » et notamment dans le récit de Paul Maniez – chapitres 5 et 6.
      Par ailleurs vous avez remarqué la plaque commémorative du cimetière d’Halberbracht en souvenir des 19 prisonniers de guerre français tués par les forces US le 10 avril 1945. Elle a été déposée au nom des familles dont certains membres avait fait le déplacement. Il y a probablement de ce côté des informations à recueillir. Je n’ai pas exploré ce filon. Si vous vous sentez concernée et si votre enquête débouche sur des contacts, merci de m’en tenir informé.
      Cordialement.
      Louis Weppe

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